L’univers du luxe fascine, y compris dans la mode. Alors que certains noms viennent spontanément en tête, d’autres marques émergentes peinent parfois à se faire connaître. Un manque de visibilité dommageable tant pour les créateurs que pour les clients, souvent férus de découvertes. Heureusement, un homme est là pour changer cela et leur ouvrir les portes du monde, au sens premier du terme, avec sa start-up Farfetch.
L’idée qui a tout changé
Les chaussures mènent-elles à tout ? Quand on s’intéresse au monde des licornes, on s’aperçoit qu’une autre d’entre elles ; Zalando ; a commencé avec la vente de chaussures en ligne.
Ici, il s’agissait de la première entreprise créée par un informaticien portugais : José Neves. Après ce premier succès, il s’aventure dans la mode en général, avec une compagnie de licences pour vendre en gros de modèles de créateurs avant-gardistes dans une boutique physique. Il y apprend à quel point la présentation est importante, mais réalise qu’il n’y a pas de ventes en ligne (elles ne représentent encore que 10%). Il s’agit donc d’une niche potentielle.
Travaillant dans le monde des start-up et convaincu que son avenir sera en lien avec le web, il a un éclair de génie à Paris, lors de la Fashion Week. Pourquoi ne pas créer un réseau virtuel de boutiques de luxe indépendantes, afin de leur faire gagner en visibilité ?
Les professionnels et surtout les petites structures indépendantes sont face à un dilemme : ils n’ont pas eux-mêmes les compétences pour se lancer en ligne et sont en train de perdre leur âme en devenant trop classiques, alors qu’ils ont du talent à revendre et rêvent de faire connaître « autre chose » au public.
Farfetch naît donc, suite à ce constat, pour leur permettre de conserver cette indépendance, ce style si particulier qui fait leur force, sans pour autant renoncer aux boutiques physiques, afin de ne perdre aucune clientèle.
Entre marques de luxe de renom (Saint Laurent, Givenchy), un volet appelé « Lab » avec des marques expérimentales moins connues du grand public et un autre plus contemporain, mais œuvrant toujours dans la mode de luxe, Farfetch joue sur plusieurs tableaux et touche beaucoup plus de public.
Technologie oblige, on peut trouver Farfetch sur Internet mais aussi avec une déclinaison mobile.
Le développement et la consécration de Farfetch
Au démarrage, la clientèle est avant tout parisienne, avec des concept-stores, mais le succès arrive vite, notamment par le bouche à oreille des professionnels.
Qui ne souhaiterait pas, en effet, ne pas avoir à gérer de site internet ni ses livraisons en deux jours, (avec toute ce que cela comporte de problèmes en frais de douane et de change), en échange d’une simple commission à chaque achat?
Les marchés européen, brésilien, de l’Amérique du Nord suivent rapidement, grâce à différentes levées de fonds importantes. D’abord 3 millions d’euros investis par Felix Capital, suivis en 2010, soit deux ans plus tard seulement, par Advent Venture Partners avec 4.5 millions de dollars.
Toujours convaincu par le potentiel de développement de Farfetch, une autre levée de fonds, par le même dernier investisseur est faite, à hauteur de 18 millions de dollars.
Cela s’enchaîne en 2013 et 2014 avec respectivement des levées de fonds de 20 et 66 millions de dollars.
86 millions supplémentaires tombent dans l’escarcelle de Farfetch, issue, cette fois d’investisseurs travaillant dans le domaine des logiciels.
C’est en 2015 que Farfetch devient une licorne à part entière.
Avec 1 000 boutiques partenaires, 2 900 marques à l’international, des livraisons dans 190 pays, un million de clients, et un panier moyen à chaque commande de 680 dollars (chiffres de 2013), Farfetch est entrée depuis longtemps dans la légende de la réussite.
Farfetch : informations clés
Date de création de Farfetch
Il est incroyable de se rendre compte que la création de Farfetch résulte de la demande de certaines enseignes indépendantes de la mode et que José Neves n’a voulu, au départ, que les mettre en lumière, pour qu’elles ne perdent pas leur identité et leur indépendance.
L’idée qui allait permettre à Farfetch de voir le jour s’est déclenchée à Paris, capitale de la mode, ce qui n’a rien à voir avec le hasard, sans doute.
Après plusieurs entreprises déjà à son actif, José Neves crée officiellement Farfetch en 2008.
Nombre de salariés à ce jour
L’entreprise présente dans de nombreux pays dans le monde comptabilisait, en 2022, 5 441 salariés.
Chiffre d’affaires en 2022
En 2021, Farfetch était valorisée à plus de 13 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaires en 1.4 milliards d’euros ; soit 64% de plus que l’année précédente.
Une possible entrée en bourse ?
Créée en 2008, il n’a fallu à Farfetch que 10 ans pour entrer en Bourse, à l’occasion de son anniversaire, en septembre 2018, avec une action à 20 dollars.
Les objectifs de développement de Farfetch
José Neves ; et par extension Farfetch ; ne se reposent pas sur leurs acquis. Régulièrement, l’entreprise achète des boutiques de mode à l’instar de Browns en 2015 ou acquiert des participations, comme cette année (2022), avec NYAP (Yoox Net-A-Porter, un distributeur de prêt à porter en ligne).
Les boutiques de luxe sur le continent chinois attirent Farfetch qui espère s’implanter en Chine, grâce notamment à des applications censées aider les consommateurs chinois avides de luxe à trouver les boutiques qui correspondent à leurs goûts…si possible en passant par Farfetch.
Aider les entreprises à gagner en visibilité a toujours été le moteur de Farfetch et l’entreprise continue sur cette belle lancée avec le projet Dream Assembly. Il s’agit d’une pépinière de soutien financier à destination des start-ups qui démarrent. Les secteurs d’activité ? Sans surprise, les nouvelles technologies (blockchain, AI), mais aussi deux autres thèmes chers aux maisons de luxe comme le développement durable ou encore la vente d’articles de seconde main.
Scalabilité
Ce qui fait la force d’une entreprise, c’est surtout son ou ses fondateurs. José Neves, avec quelques succès déjà à son actif, a démontré qu’il avait l’étoffe d’un grand entrepreneur et ses achats de boutiques ou autres semblent toujours judicieux, au regard de l’idée de base et de son développement.
La maxime ou citation la plus marquante de la start-up
Farfetch ne se distingue pas forcément par un slogan, mais par un état d’esprit et un but, clairement avoué sur le site.
Cette ancienne licorne souhaite être reconnue comme « la référence mondiale de l’univers du luxe ». Mais c’est surtout l’envie de faire se rencontrer les créateurs, les professionnels du secteur et les consommateurs qui l’anime. Tout au long de son parcours, José Neves aura été cohérent dans ce sens, avec le succès que cela a engendré…